Sidonie Mérieux : faire avancer la parité, des conseils d’administration aux collaborations franco-québécoises

Entrepreneure impliquée, Sidonie Mérieux œuvre pour une meilleure représentation des femmes dans les conseils d’administration, à travers son cabinet HeR value. Elle porte aussi cet engagement à la présidence de la Fondation CJC France, où elle le conjugue avec sa volonté de renforcer les collaborations entre la région Auvergne-Rhône-Alpes et le Québec. Un parcours entre conviction personnelle, actions concrètes et dialogue transatlantique.

Par Marie Privé

CJC Publié le 07 mars 2025 / Dernière mise à jour le 07 mars 2025
Sidonie Mérieux, présidente de la Fondation CJC France (crédit : Christophe Pouget)

À Lyon, Sidonie Mérieux s’est imposée comme une figure incontournable du paysage économique, associatif et institutionnel. Fondatrice de HeR Value, un cabinet dédié à la féminisation des conseils d’administration, elle œuvre depuis plus de dix ans pour que les femmes trouvent pleinement leur place dans les instances de gouvernance. Son credo : faire bouger les lignes sans dogmatisme, en misant sur la compétence et la confiance. Depuis 2020, elle a ajouté une nouvelle corde à son arc en prenant la présidence de la Fondation CJC France, qui soutient les collaborations entre la région Auvergne-Rhône-Alpes et le Québec. Un double engagement, entre parité et dialogue transatlantique, qui fait d’elle une actrice clé de la dynamique portée par le Centre Jacques Cartier.

Un parcours entre entrepreneuriat et engagement pour la parité

Née à Saint-Étienne, Sidonie Mérieux a suivi des études en gestion à Lyon avant de démarrer sa carrière entre les États-Unis et Paris, dans le marketing et la communication. En 2008, son retour à Lyon a marqué un tournant : elle a rejoint l’association Sport dans la Ville et s’est investie dans la création du programme  L dans la Ville, dédié à l’insertion professionnelle des jeunes femmes issues de quartiers sensibles. Quelques années plus tard, en 2011, l’adoption de la loi Copé-Zimmermann, qui impose 40 % de femmes dans les conseils d’administration, a agit comme un déclencheur. « J’ai voulu accompagner les présidents qui allaient devoir féminiser leurs conseils, en leur proposant des profils féminins à forte valeur ajoutée », explique-t-elle. C’est ainsi qu’elle a fondé HeR value, un cabinet qui associe mise en relation entre entreprises et administratrices, et formation à la gouvernance développée avec l’EM Lyon. Plus de 1000 personnes ont suivi ce programme depuis sa création. Dans le même temps, elle a rejoint le conseil d’administration de l’Olympique Lyonnais Groupe, où elle a siègé pendant 11 ans. « C’était une formidable école de la gouvernance et une belle opportunité de mettre en pratique ce que je prônais », souligne-t-elle.

À la présidence de la Fondation CJC France

En 2020, Sidonie Mérieux a pris la présidence de la Fondation CJC France, qui soutient les activités du Centre Jacques Cartier côté français. Ce qui l’a convaincue ? D’abord, l’ADN unique du Centre, qui crée des passerelles entre chercheurs, entrepreneurs, institutionnels et acteurs culturels, des deux côtés de l’Atlantique. « J’aime cette transversalité, cette façon de faire dialoguer des mondes qui ne se croisent pas toujours naturellement, mais qui ont énormément à s’apporter », explique-t-elle. 

Cette fondation a aussi une résonance personnelle pour Sidonie Mérieux. Créée il y a plus de 40 ans, elle a été initiée par Paul Charles Mérieux, le grand-père de son mari. « C’est une histoire familiale forte, qui s’ancre dans une tradition lyonnaise d’ouverture sur le monde, et que j’ai eu envie de continuer à faire vivre » La gouvernance partagée entre la France et le Québec l’intéresse particulièrement dans cet engagement : deux fondations, deux présidences, chacune mobilisant son réseau local pour faire vivre les Entretiens Jacques Cartier. « Ce modèle équilibré permet à chaque territoire de s’approprier l’événement, tout en créant une vraie dynamique commune. » Depuis sa prise de fonction, elle veille aussi à ce que les questions de parité irriguent cette gouvernance : féminisation du conseil d’administration, attention portée à la mixité dans les panels et les appels à projets… Autant de leviers pour que la coopération franco-québécoise soit aussi un terrain d’égalité.

Porter la parité dans les collaborations transatlantiques

Dès son arrivée à la Fondation CJC France, Sidonie Mérieux a posé un regard attentif sur la composition du conseil d’administration. « Quand je suis arrivée, il y avait peu de femmes. Aujourd’hui, nous sommes à parité. La direction générale du Centre Jacques Cartier est également brillament menée par Amandine Bresselle. » Une évolution qu’elle a encouragée à chaque renouvellement de mandat, sans en faire une bataille frontale, mais en s’appuyant sur l’opportunité de chaque nouvelle nomination. Au-delà des instances de gouvernance, elle veille aussi à l’équilibre des représentations dans les appels à projets et dans les panels des Entretiens Jacques Cartier. « C’est une attention de tous les instants, mais qui se met en place de façon naturelle, parce qu’elle fait aujourd’hui partie de nos réflexes collectifs. » 

Cet engagement pour la visibilité des femmes, Sidonie Mérieux le porte aussi à travers le dialogue franco-québécois. Elle observe avec intérêt les dynamiques québécoises, notamment le rôle actif des réseaux de femmes dirigeantes et la forte volonté politique d’assurer une présence paritaire dans la sphère publique et les instances de gouvernance. « On partage une même culture de l’égalité, mais je trouve qu’au Québec, il y a une vraie proactivité sur ces sujets, qui est inspirante pour nous en France. »

Dépasser les freins, ouvrir la voie aux futures générations

Si la parité progresse, Sidonie Mérieux reste lucide sur les freins qui subsistent. Le premier, générationnel, tend à s’effacer avec l’arrivée de nouvelles générations de femmes dans les sphères dirigeantes. Mais d’autres sont plus insidieux : auto-censure, stéréotypes de genre ou critères de sélection biaisés, qui écartent parfois les femmes sans même que l’on s’en rende compte. Elle cite un exemple parlant : « Dans certaines entreprises, pour intégrer le comité de direction, il fallait avoir dirigé une filiale à l’étranger entre 30 et 40 ans. Or, c’est souvent une période où les femmes fondent une famille. » Au-delà des quotas, elle invite les entreprises à prendre du recul sur leurs pratiques pour s’assurer qu’aucun biais, même involontaire, ne freine l’accès des femmes aux postes clés. Son message aux jeunes femmes est clair : oser. « Si vous aspirez à des postes à responsabilité, exprimez-le, allez-y. » Cet appel à oser, Sidonie Mérieux l’inscrit aussi dans une dynamique de dialogue international, convaincue que l’échange de bonnes pratiques entre la France et le Québec est une formidable opportunité pour faire avancer la parité. « En matière d’égalité, on a beaucoup à apprendre les uns des autres, et les Entretiens Jacques Cartier sont un terrain de dialogue précieux pour cela. »

 Son message aux jeunes femmes est clair : oser. « Si vous aspirez à des postes à responsabilité, exprimez-le, allez-y. »