Khaled Bouabdallah pour l’Université de Lyon :
Quelle est l’histoire des échanges de l’Université de Lyon avec le Québec ?
Deux grands domaines ont émergé avec le Québec, et plus largement avec le Canada francophone, d’un environnement coopératif très fertile : les sciences de l’ingénieur et la santé.
Ces collaborations engendrent, en effet, de belles réalisations en matière de technologie. En témoigne, à l’Université de Sherbrooke, l’existence du Laboratoire Nanotechnologies et Nanosystèmes (LN2) sous forme de l’Unité Mixte Internationale (UMI) du CNRS. Renouvelée en 2016, en intégrant l’Université de Lyon comme tutelle directe de ce laboratoire, elle représente un exemple de remarquable réussite collective.
Le laboratoire LN2 développe une chaîne complète d’innovation, allant de la nano-fabrication de dispositifs jusqu’aux tests de prototypes. Par son activité, il a naturellement conduit au développement de partenariats industriels France – Canada et offre une possibilité extrêmement valorisante pour des stages des étudiants ainsi que pour des travaux de thèse en cotutelles.
Cette UMI entre la France et le Canada, créée en 2012 et renouvelée en 2016, compte 85 personnes et associe également plusieurs autres partenaires du territoire académique rhônalpin, notamment de l’Université de Grenoble.
Nous avons développé une forte collaboration dans le domaine de la coopération médicale avec l’Université d’Ottawa. Il s’agit d’une coopération globale, intégrant l’échange des étudiants pour des stages hospitaliers, l’échange d’interne et la coopération de recherche bio-médicale. L’intégration des sciences humaines et sociales, dans le cadre du projet « Médecine et humanités » et les passerelles triangulaires développées avec notre partenaire commun, l’Université Shanghai Jiao Tong, soulignent non seulement le potentiel mais également l’originalité de cette coopération.
La coopération en santé avec la Canada francophone représente également l’un des projets véritablement collectifs au sein de l’UdL, intégrant les Universités Claude Bernard, Jean Monnet à Saint-Etienne, Lumière et Jean Moulin, ainsi que l’ENS de Lyon ; elle intègre également les Hospices Civils de Lyon, un acteur incontournable dans le domaine hospitalier.
Quels sont les principaux établissements partenaires de l’Université de Lyon, dans le cadre des échanges franco-canadiens ?
Nos collaborations avec les établissements québécois et canadiens, tissées au fil du temps par les membres et les associés, sont diversifiées et fécondes. Ces liens historiques se traduisent par de nombreux accords bilatéraux d’échanges d’étudiants, des doubles diplômes, mais aussi par des coopérations de recherche dans diverses disciplines en sciences, en ingénierie, dans le domaine de la santé ainsi qu’en sciences humaines et sociales. En effet, pour les étudiants de l’UdL, le Canada francophone figure parmi les premières destinations en mobilité sortante.
Au titre de l’Université de Lyon, nous avons signé quatre grands accords-cadres privilégiés, des accords «Alliance», qui soulignent notre engagement mutuel soutenu : l’Université d’Ottawa, l’Université de Sherbrooke, l’Université de Montréal et l’Ecole polytechnique de Montréal.
Ces partenariats institutionnels sont enrichis par des accords spécifiques qui permettent de déployer des actions concrètes tout en intégrant les établissements du site. On peut citer, par exemple, plusieurs ententes avec l’université d’Ottawa, telles que l’accueil des étudiants en stage d’initiation à la recherche, la mobilité des étudiants en médecine, les doctorats en cotutelle et la coopération scientifique en chimie de la catalyse, et plus récemment la mise en place d’un accord dans les domaines de l’innovation et de l’entrepreneuriat avec l’Université de Sherbrooke.
Quel est l’intérêt pour l’Université de Lyon (UDL) d’avoir intégré le Centre Jacques Cartier ?
L’UdL est un acteur historique du Centre Jacques Cartier et s’est fortement impliquée dans la construction de son nouveau projet. Cet engagement nous a conduits à bâtir et consolider, au fil des années, les relations universitaires avec l’ensemble des établissements de Montréal, et plus largement, du Québec et du Canada.
Cela nous a également permis de faire émerger les différents projets, en matière de recherche et de formation, que j’évoquerai plus loin.
Le CJC nous permet de bénéficier du réseau très riche de ses partenaires, de faire rayonner l’Université de Lyon au sein de ce réseau et de mettre en valeur ses domaines d’excellence. Il représente également, pour nous, l’opportunité de développer des collaborations sur des domaines d’intérêt commun.
C’est une formidable passerelle vers le monde socio-économique, rhônalpin, québécois et ontarien.
Durant les Entretiens Jacques Cartier, nous participons à certaines séquences, comme la table ronde « Entrepreneuriat et Innovation » lors de l’édition 2016, ce qui nous a permis d’échanger et de progresser sur ces problématiques qui relèvent de nos domaines d’expertise.
Mais je tiens à souligner également que notre champ d’action va bien au-delà des domaines de recherche et de formation. L’Université de Lyon investit et réinvente la ville, à travers un programme sans précédent de rénovation des campus universitaires nommé « Lyon Cité campus ». Les derniers ECJ ont été l’occasion de démontrer l’impact des campus universitaires dans la réflexion autour de la ville résiliente et d’avoir un regard croisé France-Québec.
Comme vous le constatez, les Entretiens Jacques Cartier sont une résonnance forte à nos problématiques et grands projets qui font rayonner l’Université sur le territoire et ne cantonnent pas l’université à un campus !
Quels projets, suite aux EJC, ont pu être développés au sein de l’UDL ?
Nous considérons les EJC comme un élément qui fait partie intégrante de notre stratégie internationale universitaire que nous voulons innovante. La participation de l’UdL permet de renforcer l’ensemble des coopérations existantes mais, plus particulièrement, c’est un formidable outil d’accélération des projets dans le cadre de la construction de l’Alliance internationale.
C’est également autour des orientations stratégiques de l’IDEX – Biosanté et Société, Sciences et ingénierie pour le développement durable et l’Urbanité et Humanités, que le CJC agit comme catalyseur des coopérations.
Le champ d’action de notre investissement au sein du Centre Jacques Cartier est très vaste. Il reflète une conception moderne de la coopération internationale.
Par ailleurs, à travers sa participation aux Entretiens Jacques Cartier, l’UdL contribue au développement des relations Lyon – Montréal qui sont des villes jumelées.
Enfin, la coopération avec le Canada francophone est l’un des axes stratégiques du nouveau schéma régional pour l’enseignement supérieur, recherche et innovation.
Quelle est l’actualité de l’UDL au Québec et au Canada cette année ?
L’Université de Lyon sera, bien sûr, présente à l’édition 2017 des Entretiens Jacques Cartier, en octobre prochain. Ce sera l’occasion pour rendre également visite à plusieurs de nos partenaires, à Montréal, Sherbrooke et à Ottawa.
Cette année, l’Université d’Ottawa a été intégrée à l’organisation du Forum Biovision, deux nouveaux accords spécifiques de coopération devraient être formalisés en juin avec l’Université Claude Bernard et les Hospices Civils de Lyon ; la première école d’été « Médecine et Humanités » sera organisée en juillet à Ottawa avec la participation d’une dizaine d’étudiants lyonnais ; l’université de Sherbrooke effectuera plusieurs visites pour approfondir la coopération dans le domaine de la santé et de l’entrepreneuriat d’étudiants.