Guy Lefebvre pour l’Université de Montréal :
Quelle place occupe l’Université Montréal dans la relation entre le Québec et l’Auvergne-Rhône-Alpes ? Et comment s’inscrit votre institution dans l’histoire du Centre Jacques Cartier ?
Les tous premiers Entretiens Jacques Cartier organisés au Québec, en 1988, l’ont été à l’Université de Montréal, en partenariat avec ses écoles affiliées, HEC Montréal et Polytechnique Montréal. C’est dire que notre Université fait partie de l’aventure depuis le début de l’histoire du Centre Jacques Cartier.
À la fin des années 90, la vision avant-gardiste d’un dialogue, voire d’une confrontation, interdisciplinaire impliquant des acteurs du monde universitaire, institutionnel, économique, politique et culturel, rejoignait celle du recteur de l’époque, Gilles G. Cloutier.
Au fil des éditions, avec plus de 50 ateliers organisés, 800 participations de chercheurs et 10 doctorats Honoris Causa décernés, la communauté de l’Université de Montréal a démontré son engagement dans le développement de la relation scientifique entre les deux territoires que sont le Québec et la région Auvergne-Rhône-Alpes, et ce, dans de nombreux champs de recherche.
Je soulignerais enfin que notre recteur, Dr. Guy Breton, a été de ceux qui ont appelé de leurs vœux le renouvellement de la formule des Entretiens, il y a de cela 3 ans maintenant. Le virage « innovation et transfert » entrepris depuis répond à notre préoccupation de faire de l’Université de Montréal un acteur de progrès scientifique et social, ancré sur son territoire mais qui transcende les frontières géographiques et de la connaissance.
Quelles ont été les initiatives de l’Université Montréal lors Entretiens Jacques Cartier ?
Comme je le mentionnais, l’Université de Montréal et ses écoles affiliées ont participé activement à toutes les éditions des Entretiens Jacques Cartier. Impossible d’être exhaustif dans ces conditions ! À titre d’exemples seulement, je citerais quelques-uns de mes collègues qui s’illustrent dans leur domaine de recherche et dont la participation aux Entretiens est venue enrichir les échanges transatlantiques, voire les initier :
– Gilles Brassard qui a aidé à jeter les bases de la cryptographie quantique et qui, dès 1988, a parlé informatique fondamentale aux Entretiens ;
– Isabelle Peretz, psychologue, qui s’intéresse aux fondements neurobiologiques de la musique et qui co-dirige le Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (BRAMS). En 1992, elle est intervenue sur la performance musicale avancée et la perspective convergente de l’artiste et du scientifique – un bel exemple de questionnement interdisciplinaire ;
– En 1994, Éric C. Cohen, microbiologiste, présente ses travaux sur le VIH. Il a été l’un des premiers scientifiques canadiens à s’intéresser au VIH et assure actuellement la direction scientifique de CanCURE, le consortium canadien sur la guérison du VIH.
– Philippe Poullaouec-Godinec, titulaire de la Chaire UNESCO en paysage et environnement de l’Université de Montréal (CUPEUM), qui s’interrogeait en 1998 sur les transversalités entre architecture, art et design, et plus récemment sur les villes laboratoire de design.
– Plus récemment encore, et je terminerai là, Lise Gauvin se penche sur le rapport entre ville et santé. Par ses participations récurrentes, elle sensibilise les décideurs publics avec ses programmes de recherche novateurs sur l’environnement bâti des villes comme facteur de prévention des maladies chroniques.
Quelle est l’actualité de l’Université Montréal avec l’Auvergne-Rhône-Alpes cette année ?
Aux relations bilatérales régulières que l’Université de Montréal entretient avec ses 15 partenaires universitaires de Lyon, Grenoble et Saint-Etienne, s’ajoute le rendez-vous annuel des Entretiens. Cette année, la 30e édition des Entretiens se tiendra, en octobre, au Québec. L’Université de Montréal y sera bien évidemment présente avec, notamment, trois événements scientifiques* animés en collaboration avec l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, l’Université Claude Bernard Lyon 1 et le Centre hospitalier universitaire de Lyon, et enfin l’Université Jean Moulin Lyon 3. Organisés par des collègues des sciences sociales et humaines et de santé publique, ces événements abordent tous, de façon centrale ou périphérique, le numérique et la révolution qu’entraîne son développement fulgurant, les innovations sociales qui l’accompagnent et les enjeux éthiques qu’il soulève. Ces préoccupations sont au cœur des travaux de nombreux chercheurs de l’Université de Montréal qui s’impose depuis plus de huit mois comme le hub de l’intelligence artificielle, particulièrement en apprentissage profond, au Québec et au Canada.
La rencontre bilatérale d’octobre 2017 sera aussi l’occasion pour le recteur Breton de converser avec ses homologues Rhône-alpins sur ce grand enjeux et comment les universités doivent se transformer pour y répondre.