Alain Fuchs pour le CNRS :
Qu’est-ce qui caractérise votre institution ?
Ce qui fait son originalité à l’échelle mondiale, c’est le caractère pluridisciplinaire du CNRS à une très grande échelle. A partir du territoire français et à travers plus de 1000 laboratoires qu’il partage avec les universités et d’autres organismes de recherche, le CNRS déploie des forces scientifiques sur tous les continents. Notre recrutement s’internationalise également avec, chaque année, un pourcentage d’environ 30% de nouveaux chercheur.e.s issus de XX nationalités. Avec 43 000 publications scientifiques par an en moyenne, 21 lauréats du prix Nobel et 12 de la Médaille Fields, il est reconnu comme un centre d’excellence de rayonnement international.
Quelle place est donnée aux relations internationales et notamment France-Québec ?
Le CNRS compte 34 unités mixtes internationales (UMI), qui sont de véritables laboratoires conjoints, plus de 180 laboratoires internationaux associés (LIA) et plus de 100 groupements de recherche internationaux (GDRI) Nos chercheurs cosignent 60% de leurs publications scientifiques avec l’étranger. En terme de représentation, le CNRS dispose de huit bureaux à l’étranger : en Amérique du nord et du sud, en Asie ou encore en Afrique. Ils nous aident à développer et à structurer nos collaborations internationales.
Les collaborations franco-québécoises occupent une place toute particulière dans cette politique internationale, notamment par le biais du Centre Jacques Cartier.
Comment définissez-vous l’apport du CNRS dans le développement socio-économique des territoires ?
En tant premier opérateur de l’Etat, le CNRS est impliqué dans les sujets de recherche liés aux grandes questions de société que sont le changement climatique, la santé et le vieillissement, etc., problématiques qui ont des implications fortes sur le développement socio-économique des territoires.
Le transfert des résultats de la recherche vers le monde économique fait partie intégrante de nos missions. Ainsi, notre organisme compte parmi les 100 principaux innovateurs mondiaux (Thomson Reuters Top 100 Global Innovators 2015). Il est 5e dans le classement des organismes publics les plus innovants au monde (Thomson Reuters 2015) et 1er dans le classement Scimago (2015) portant sur l’innovation. De ces recherches sont nées notamment 126 laboratoires communs avec les entreprises, plus de 1200 start-up, plus de 5 600 familles de brevets et 1 281 licences actives.
Ce bilan, que nous devons aux chercheur.e.s,, aux ingénieur.e.s et aux technicien.ne. s des laboratoires, représente une grande fierté pour moi. Nous considérons qu’il doit impérativement s’accompagner d’une ouverture et d’un échange avec les citoyen.ne.s qui ne doivent plus être considérés comme des récepteurs passifs mais comme des acteurs à part entière. D’où des actions d’envergure dédiées à des publics divers, allant du public jeune avec « Ma thèse en 180 secondes », au grand public avec le Forum « que reste t il à découvrir » que nous organisons chaque année, mais aussi nos efforts de diffusion des découvertes et de la culture scientifique opérées à travers CNRS le journal et la revue Carnets de sciences toute récente.
Pourquoi le CNRS s’associe au Centre Jacques Cartier ?
L’INSA de Lyon a été très fortement impliqué dans les précédentes éditions des Entretiens Jacques Cartier à la fois Le CJC s’intéresse à toutes les disciplines, y compris les humanités et les sciences sociales, et qui les aborde autant pour ce qu’elles génèrent comme nouvelles connaissances que pour les enjeux sociétaux ou socio-économiques qu’elles sous-tendent. De plus, il représente un pont entre deux continents : des collaborations CNRS franco-québécoises dans le domaine des nanosciences ou encore de l’environnement – pour ne citer que celles-ci – ont pu s’appuyer sur le CJC pour être développées.
Bon nombre de nos laboratoires s’impliquent dans les rencontres des Entretiens Jacques Cartier, soit pour organiser des colloques, soit pour y intervenir. Nous sommes en train de finaliser un colloque sur la diplomatie scientifique avec le Fonds de Recherche du Québec qui se déroulera précisément dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier. Ces temps forts permettent de faire le point et de croiser les regards dans une multitude de domaines. Ils génèrent aussi des rencontres personnelles riches dont une partie mènent à des collaborations inédites.
Quelles sont vos collaborations avec le Québec ?
Les universités québécoises sont présentes dans près de 50% des co-publications du CNRS avec le Canada. Par ailleurs, le CNRS et le Fonds de Recherche du Québec ont signé une déclaration commune d’intention qui a comme objectif de faciliter la mobilité des chercheurs québécois vers la France et le financement d’unités de recherche franco-québécoises. Nous comptons également sept Projets Internationaux de Coopération Scientifique (PICS) dans des domaines comme les milieux aquatiques, les milieux urbains (santé, aménagement, etc.) ou encore sur les matériaux ou les politiques d’intégration au Québec et en France. De même, des dynamiques de réseaux sont alimentées avec onze Groupements de Recherche Internationaux (GDRI), là encore sur une multitude de sujets. Des Laboratoires Internationaux Associés (LIA), structurés autours de projets de recherche pluriannuels sont également en cours. On en compte une dizaine sur les thématiques suivantes : matériaux, informatique, smart grids, épistémologie, biodiversité, électronique de rupture ou ressources naturelles. Un écosystème très riche, donc. Deux PICS avec le Québec et un LIA avec l’Ontario impliquent des laboratoires de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Mais au Québec comme ailleurs, ce sont les Unités Mixtes Internationales (UMI) qui représentent le stade le plus avancé de la collaboration. Il en existe trois au Québec : le Centre International d’Etude et de Modélisation des Ecosystèmes et Géosystèmes Arctiques et Subarctiques (Takuvik, Université de Laval / Université Pierre et Marie Curie), le Centre de Recherches Mathématiques (Université de Montréal / Institut des Hautes Études Scientifiques) et le Laboratoire Nanotechnologies & Nanosystèmes (Université de Sherbrooke / Université de Lyon). Par ailleurs, il existe une forte collaboration entre l’Université de Lyon et l’Université de Sherbrooke en acoustique et un projet plus structurant est en cours de réflexion entre les deux partenaires.
Enfin, l’édition 2017 du salon national de la valorisation en sciences humaines et sociales, Innovatives SHS (Marseille, mai 2017), donne une place particulière au Québec, avec des focus sur des recherches conjointes en santé ou sur les villes durables.